6ème déclaration de la forêt de LacandoneUN CAFÉ REBELLE ET ZAPATISTE

à Besançon
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« Café du Chiapas cultivé de façon biologique et cueilli avec dignité »

Le 1er janvier 1994, date d’entrée en vigueur de l’Alena (Accord de libre-échange nord-américain), les sans-terre, les sans-voix, les « oubliés de toujours » que sont les Indiens, descendent des montagnes et, au cri de « ya basta » (ça suffit !), occupent plusieurs villes du Chiapas, Etat riche en ressources, où la population est la plus pauvre du Mexique. L’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) apparaît publiquement pour la première fois et, avec elle, tous les Indiens en lutte réclament la dignité, la justice et la démocratie pour tous, la reconnaissance de leurs droits et de leur culture.
Décidés à construire leur autonomie pacifiquement, sans chercher à prendre le pouvoir, et sur la base d’assemblées communautaires, les zapatistes s’organisent en communes autonomes. De nombreuses réalisations pour la mise en place d’une autonomie solide voient le jour - écoles, cliniques, coopératives, transports, agriculture, artisanat - dans une région où la plupart des paysans sont privés des services de base comme l’eau, l’électricité, l’éducation et la santé.

 

 

« Au Chiapas, la lutte s’organise aussi autour du café : Mut Vitz, Yachil Xojobal Chulchan et Ssit Lequil Lum, des coopératives zapatistes
Mut Vitz et Yachil Xojobal Chulchansont deux coopératives de la région des Altos. Mut Vitz, la « montagne aux oiseaux » en langue tzotzil, est une coopérative qui regroupe actuellement 541 cultivateurs de café. Créée en 1997, la plus ancienne coopérative zapatiste, elle produit un café certifié biologique. Yachil, avec près de 1 000 producteurs est située dans la zone de Polhó où ont trouvées refuge de nombreuses personnes chassées de leurs communautés par la violence paramilitaire. Son café est également certifié biologique.

Ssit Lequil Lum, « Les fruits de la Terre Mère » en tzeltal, est la toute dernière des coopératives zapatistes. Elle est située dans la région Nord du Chiapas, où sont particulièrement actifs les groupes paramilitaires. Elle a choisi de franchir un pas supplémentaire sur le chemin de l’autonomie en refusant toute certification officielle dont les normes, imposées sans discussion avec les producteurs, ne correspondent pas toujours aux réalités locales. Elle développe à l’inverse une certification indépendante avec l’appui d’une université de Veracruz. Ce sont les producteurs eux-mêmes en relation avec des techniciens d’agro-écologie qui définissent la liste des points à certifier. Ne s’arrêtant pas à la récolte, comme la certification biologique, cette auto-certification, qui impose à la fois une culture sans produits chimiques et des normes sur la qualité du travail après la récolte des grains, est validée par les autorités zapatistes.

Tous les membres de ces coopératives appartiennent à des communautés indiennes zapatistes en résistance. Ils sont victimes d’agressions régulières de la part des paramilitaires et continuellement menacés par un gouvernement décidé à éradiquer toute forme de lutte et d’organisation alternative.

« Le marché du café : précarité pour les producteurs, profits pour les multinationales
Si l’instabilité des cours du café n’assurent pas aux producteurs des revenus suffisants, elle profite aux multinationales du café (Nestlé, Philip Morris, Starbucks...), qui à l’inverse, enregistrent des bénéfices records. La mondialisation néolibérale, dont le seul but est d’augmenter les profits des entreprises, exploite le travail bon marché, maintenant les producteurs de café dans un cycle de pauvreté et d’endettement.
Dans les régions enclavées comme le Chiapas, d’autres facteurs aggravent la situation : des intermédiaires (les coyotes) imposent aux producteurs des prix inférieurs aux cours officiels. C’est ça ou le refus d’achat, ou encore les agressions perpétrées par des paramilitaires à leur service.
Un autre danger se profile à l’horizon : l’arrivée des OGM. Les « cerises » de café ne mûrissent pas toutes en même temps, et seules les mûres doivent être cueillies si l’on veut obtenir un café agréable à boire. L’incorporation d’un antibiotique à la chaîne génétique du café bloque dans un premier temps la maturation des graines, qui plus tard est déclenchée simultanément par un arrosage chimique. Cette technique permettra de généraliser la mécanisation de la cueillette, et donc la suppression de dizaines de millions d’emplois de par le monde. De plus, comme pour les autres OGM, cela constitue une menace pour les cultures biologiques si ce n’est pour la santé humaine et l’équilibre des écosystèmes.

 

« Luttons ensemble, buvons du café zapatiste !

Les groupes de solidarité d’Europe et d’Amérique du Nord achètent le café aux coopératives zapatistes à un prix supérieur à celui payé par les « coyotes ».

En France, l’association Échanges Solidaires diffuse ce café arabica, moulu ou en grains. Afin d’éviter aux coopératives de devoir s’endetter en attendant le paiement de la récolte, un prépaiement est effectué au moment de la commande et le solde versé dès la livraison en France. Outre le prix d’achat supérieur payé au départ, les bénéfices sont entièrement reversés aux communautés zapatistes. Cela leur permet de fortifier leur autonomie. Elles peuvent commencer à diversifier leur production en y intégrant des cultures de subsistance mais aussi développer et renforcer leurs systèmes autonomes de santé et d’éducation.

En Franche-Comté, l'association Caracol Solidario relaie l'appel à souscription proposé chaque année par Échanges Solidaires et organise une commande groupée avec des points de retrait à Besançon, Valdahon, Vesoul et Poligny.

 

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